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lundi 3 mars 2014

L'influence du narrateur sur la description

Une des clés d’une bonne description est de tenir compte du point de vue, c’est-à-dire, du narrateur. Les connaissances du narrateur, tout comme ses possibilités, influencent ce qui peut ou ne peut pas être décrit. Il convient donc de bien définir le point de vue avant de faire une description : est-ce un narrateur omniscient, un narrateur personnage, un narrateur flexible qui adopte tour à tour le point de vue de personnages différents ? Si le point de vue du narrateur est fixe, cette identification ne se fera qu’une fois pour tout le récit. Toutefois, si le point de vue change d’une section à l’autre du texte, il faudra prendre le temps de le définir de façon régulière pour s’assurer d’aborder chaque description du bon angle.

Par exemple :
— Si le narrateur est un personnage secondaire de l’intrigue (l’acolyte du héros ou un observateur) et que le héros rencontre une connaissance, il se peut que le narrateur ne le connaisse pas et qu’il ne puisse pas nous décrire sa personnalité d’entrée de jeu.
— Une exposition de mollusques ne sera pas décrite de la même façon par un biologiste marin que par une personne qui n’a jamais entendu parler de mollusques.
— Un personnage-narrateur ne nous décrira pas une pièce entière avec le détail de chaque objet s’il ne fait qu’y passer en quelques secondes. Dans un combat, il ne s’arrêtera pas non plus entre deux coups d’épée pour nous décrire la robe de la princesse.

Ceci dit, une description ne doit pas absolument contenir tout ce que le narrateur sait. « Il » doit choisir ce qui est le plus pertinent selon le but de la description (créer une vue d’ensemble, amener un élément de l’intrigue, faire connaissance avec un personnage, etc.). Trop d’informations finissent par se nuire mutuellement, et finalement l’élément décrit s’en trouve aussi confus que s’il n’avait pas fait l’objet d’une description.

Le narrateur peut donc justifier autant le contenu que l’emplacement d’une description. Même un narrateur omniscient (extérieur aux personnages) teintera ses descriptions de façon à ce qu’elles s’agencent à l’ambiance souhaitée pour l’intrigue, à la personnalité des personnages et au rythme de chaque section du récit.

Caroline

lundi 6 janvier 2014

Utiliser l'énumération

Il est possible d’énumérer des noms, des adjectifs, des verbes, des groupes de mots ou même des propositions entières. En utilisant la juxtaposition (virgule, point-virgule) ou la coordination (conjonctions de coordination), l’énumération permet de passer en revue divers aspects d’une réalité, d’une situation ou autre. Elle peut être ouverte pour signifier que le sujet n’a pas été épuisé (points de suspension, absence de coordination, ainsi de suite, et plus, etc.) ou au contraire, fermée dans le cas d’un inventaire.

Quelques règles :
— lister seulement des mots de même nature et de même fonction.
— les prépositions (à, de, en, pour, etc.) se répètent généralement d’un élément à l’autre (il existe quelques exceptions)

Les effets de cette figure de style sont :
— de maximiser la précision dans les descriptions et les portraits,
— d’insister sur certains éléments plutôt que d’autres (ceci par le choix des éléments mentionnés ou par la logique qui sous-tend l’ordre des termes),
— de montrer des contradictions, des contrastes ou des ressemblances.
— de jouer avec l’invraisemblable, l’absurde ou le fantastique.
— de condenser ou de résumer diverses actions ou situations afin de remplir une ellipse dans le temps.

Exemples :
— Pendant dix ans, Pierre chercha des informations sur le chat botté, il fouilla les bibliothèques, ratissa les étagères des librairies, se renseigna auprès des historiens, consulta les archives municipales de tous les villages alentour, mais cela fut vain.
— Le chat mangea une souris qu’il avait trouvée sous le divan, marcha jusqu’au garde-manger en boitant et miaula pour attirer mon attention.
— Les carottes sont cuites, les patates aussi, le poulet sort du four, la sauce brune est aussi épaisse qu’elle se doit, il ne manque que les convives.
— Au-dessus d’eux, le ciel était gris, nuageux, immense et dépourvu de vie.

Quelques figures de style qui s’apparentent à l’énumération :

L’accumulation : entassement de plusieurs mots, groupes de mots ou propositions de même nature et de même fonction, souvent de façon désordonnée. Elle sert généralement à donner un impact plus fort à une idée, à faire naître différentes impressions (désordre, abondance, variété, excès, etc.) ou à donner un rythme à la phrase.

La gradation : disposition de plusieurs mots, groupes de mots ou propositions de même nature et de même fonction dans un ordre d’intensité croissante (gradation ascendante) ou décroissante (gradation descendante). Souvent, cette énumération peut jouer avec l’exagération. Elle peut être rompue, c’est-à-dire se terminer par un terme beaucoup plus fort ou beaucoup plus faible que prévu. Elle sert à présenter une évolution, montrer l’évolution d’une idée ou d’une émotion, créer une attente, créer un effet comique en utilisant l’exagération, susciter l’enthousiasme ou l’indignation.

La multiliaison : utilisation d’une conjonction de coordination entre chaque élément d’une énumération sans que la grammaire ou le sens de la phrase n’y obligent. Elle sert à renforcer l’expression en mettant l’accent sur chacun des termes, produire un effet de balancement ou d’accumulation, donner l’impression fausse que la phrase se termine.

La synonymie : emploi successif d’au moins deux mots ou expressions qui ont valeur de synonymes. Elle sert à exprimer une réalité sous différents points de vue, faire percevoir des nuances, rendre une idée ou un sentiment avec plus de force, exprimer un rythme ou amuser lorsqu’un des termes est surprenant ou inattendu.

Caroline

lundi 30 septembre 2013

Étoffer un personnage (3)

Un personnage, pour être intéressant, ne peut pas se limiter au strict minimum, il doit avoir un petit quelque chose de plus. Il doit nous donner l’envie d’en savoir plus sur lui, de prendre pour lui ou contre lui lors des épreuves amenées par l’intrigue.

Pour approfondir un personnage, nous pouvons utiliser la description, l’intrigue ou les lieux. Les deux premières ont déjà été discutées dans des billets précédents, maintenant, voyons comment les lieux peuvent enrichir un personnage.

Cette catégorie se divise en deux :

1. L’espace :

L’espace dans lequel se déroule le récit, c’est le lieu physique. Ce qui le meuble, ce sont les « outils » qui sont mis à la disposition du personnage pour résoudre l’intrigue. La façon dont un personnage habite les lieux peut être très révélatrice. Habite-t-il une mégapole alors qu’il fréquente toujours les trois mêmes endroits ? Habite-t-il à la campagne même s’il souffre d’allergie au pollen ? A-t-il organisé lui-même son espace de vie ou laisse-t-il un autre personnage tout organiser à sa place ? Sa cuisine est-elle rangée ou en désordre ?

2. Le temps :

Le temps dans lequel se déroule le récit, c’est le lieu social. Ce dernier est important, car il déterminera si les opinions du personnage sont originales ou non. Il comprend les traditions, le mode d’organisation politique et sociale, les règles de relation entre les gens, le statut social, les croyances, etc.

Le personnage se définit par rapport au milieu. Des personnages identiques par leur description seront perçus différemment par leur entourage et par la société selon le temps dans lequel ils évoluent. Leurs réactions et leurs possibilités d’action seront aussi restreintes par ce temps. Ainsi, un juge contemporain ne condamnerait pas un meurtrier à être décapité devant l’hôtel de ville d’une mégapole nord-américaine.


Le temps et l’espace permettent donc de peaufiner la description d’un personnage parce qu’ils déterminent où se situe un personnage par rapport aux gens de la société dans laquelle il évolue, mais aussi parce qu’ils servent de cadre pour juger des actions (cruelle, empathique, bonnes, mauvaises, etc.) des personnages.


Caroline

lundi 23 septembre 2013

La personnification


La personnification est une figure de style qui consiste à donner à un objet, à un animal ou à une abstraction des traits normalement attribuables à des êtres humains.

Il s'agit d'une personnification lorsqu'un objet, un animal ou une abstraction est le sujet d'un verbe :
1) de mouvement ou d'action (marcher, dormir, sauter, culbuter, rouler, etc.)
2) de volonté (vouloir, pouvoir, etc.)
3) de sentiment ou d'état (s'impatienter, se courroucer, s'éprendre, etc.)

Dans le cas précis d'une abstraction, on emploie parfois une majuscule en début du mot pour souligner la personnification, comme dans l'exemple connu tiré du roman Du côté de chez Swann de Marcel Proust :

«  Et à partir de cet instant, je n’avais plus un seul pas à faire [...] : l’Habitude venait de me prendre dans ses bras et me portait jusqu’à mon lit comme un petit enfant. »

Pourquoi utiliser la personnification?
On peut utiliser cette figure de style afin de rendre une description plus vivante ou pour présenter un événement de manière éclatée, voire cocasse, comme dans l'exemple suivant :

Profitant de ma rêverie, la cuillère prit son élan dans le mouvement répétitif et circulaire que je lui administrais, et s'envola vers le plafond, n'oubliant pas d'éclabousser mes armoires par la même occasion. Elle exécuta un parfait triple saut arrière avant d'entamer sa descente. Son atterrissage fut des plus réussis : l'ustensile cibla précisément mon gros orteil.

La personnification peut aussi être utile pour permettre au lecteur de mieux visualiser une notion abstraite. On établira alors une métaphore entre la notion abstraite et un être humain ayant les caractéristiques que l'on veut mettre de l'avant. C'est le cas avec l'exemple de Proust cité plus haut : l'habitude est comparée à une mère qui porte son enfant au lit.

Enfin, la personnification peut aussi être utilisée pour critiquer l'Homme :

La Mort agissait parfois cruellement, sur un coup de tête ou sous l’effet de la colère, ou pire encore, par égoïsme. Bref, elle était à l’image de ses victimes.

Karine 

lundi 12 août 2013

Bien démarrer un récit

Que vous rédigiez une courte nouvelle ou une série de plusieurs romans, vous connaissez l’importance que les premières phrases de votre récit ont sur l’intérêt du lecteur. Vous souhaitez ainsi que ce début soit accrocheur, mais aussi, qu’il soit à l’image du reste du récit, qu’il donne le ton.

Un bon début permettra au lecteur de se situer : il mettra en place le ou les personnages principaux, le lieu, l’époque et la situation de départ. L’erreur qui est souvent commise est d’entamer le récit par une longue description de ces éléments, ce qui entache le style et peut être ennuyeux pour le lecteur.

La solution passe par une description active, c’est-à-dire en plongeant vos personnages dans l’action dès la première phrase, tout en insérant judicieusement des informations sur le lieu, l’époque, les traits physiques ou de caractère de vos personnages, etc.

Vous serez peut-être aussi tenté de commencer votre récit par un dialogue puisque que ceux-ci ont la réputation d’ajouter du dynamisme. Rappelez-vous par contre que le lecteur a besoin d’être mis en contexte; vous aurez avantage à entamer un dialogue (deux ou trois répliques maximum), puis inclure un court paragraphe de narration qui vous permettra d’insérer quelques éléments de description, avant de retourner à la conversation engagée. Pensez également à étoffer vos incises, qui peuvent être de grandes alliées pour glisser subtilement bon nombre d’informations.

Mais peu importe l’angle choisi, de toute façon, compte tenu de l’importance de votre introduction, vous y reviendrez et la retravaillerez à coup sûr, et peut-être même de nombreuses fois. (Ceci dit sans vouloir vous décourager.)

D’ailleurs, bien souvent, le meilleur moment pour (ré)écrire le début de votre récit est lorsqu’il est terminé! En effet, une fois le point final posé, vous aurez une meilleure vue d’ensemble de votre histoire, une connaissance approfondie de la psychologie de vos personnages, et le style de votre récit se sera précisé. Tous ces éléments vous aideront à rédiger un début captivant et révélateur du potentiel d’intérêt que revêt votre histoire.

Karine

lundi 5 août 2013

Étoffer un personnage (2)

Un personnage, pour être intéressant, ne peut pas se limiter au strict minimum, il doit avoir un petit quelque chose de plus. Il doit nous donner l’envie d’en savoir plus sur lui, de prendre pour lui ou contre lui lors des épreuves amenées par l’intrigue.

Pour approfondir un personnage, nous pouvons utiliser la description, l’intrigue ou les lieux. Voyons maintenant ce qu’il en est de l’intrigue.


1. L’intention :
Les intentions des personnages ont un impact direct sur l’intrigue. Ce sont elles qui vont influencer les personnages à agir, ce qui au final permet à l’intrigue d’évoluer dans une direction plutôt qu’une autre.

L’inverse est aussi vrai, l’intrigue pourra changer les intentions des personnages, les mettre devant un conflit de valeurs et les obliger à choisir. Un personnage, même très studieux, pourra décider (avec un pincement au cœur) de ne pas prendre le temps d’étudier pour un examen parce qu’un ami est dans le pétrin et a besoin de son aide. De plus, les dilemmes permettent aux lecteurs de s’attacher aux personnages, parce qu’eux aussi trouvent la situation difficile et se demandent ce qu’ils feraient à leur place.

2. Les circonstances :
Les circonstances peuvent être des actions imprévues, des forces de la nature ou du destin, des traditions auxquelles nul ne peut se soustraire, etc. Elles peuvent être heureuses ou malheureuses, mais la façon dont le personnage y fera face, nous en apprendra beaucoup sur lui. Joue-t-il le jeu des traditions malgré qu’il les trouve ridicules ? S’arrange-t-il pour gâcher l’évènement sans qu’on sache d’où viennent les catastrophes ? Ou s’insurge-t-il haut et fort sur la place publique ?

Les circonstances, même celles qui sont moins importantes pour l’intrigue, peuvent tirer leur importance de ce qu’elles nous apprennent sur le personnage.

3. Les intrigues secondaires :
Comme dans la vie, nous restons rarement obnubilés 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 par la même chose; un personnage qui ne s’intéresse qu’à la même intrigue peut devenir lassant. Une ou des intrigues secondaires permettent au personnage d’avoir une « vie » plus normale et, il semble alors beaucoup plus profond. De plus, ces intrigues peuvent venir enrichir l’intrigue principale en diversifiant les façons de la faire progresser.


Souvent, les personnages sont plus importants que les intrigues. En effet, nous relisons régulièrement des intrigues similaires seulement parce que les personnages, eux, sont différents. Donc, il est important de ne pas laisser l’intrigue se résoudre « toute seule », mais de permettre aux personnages de la prendre en main, de la faire évoluer jusqu’à son dénouement. L’intrigue met mettre les personnages en valeur, cependant, pour cela, les personnages doivent y prendre une part active.

Caroline

lundi 22 juillet 2013

Les références

Souvent, il nous vient à l’idée d’exprimer les intérêts de nos personnages ou de les enrichir avec des références prises dans le monde réel. Ce qui en soi n’est pas une mauvaise idée, mais il y a quand même des pièges à éviter, par exemple celui de nommer la référence la plus connue.

Bien sûr, un exemple illustre (Céline Dion comme chanteuse, Harry Potter comme roman) a l’avantage que le lecteur le connaîtra à coup sûr. En contrepartie, il a comme défauts de donner l’impression d’être utilisé par facilité (parce que l’auteur ne connaît pas ce domaine), de ne pas permettre (dans bien des cas) d’en apprendre plus sur le personnage et il peut même être considéré comme un cliché.

Il ne faut pas oublier que les goûts tout comme les idoles sont toujours plus subjectifs qu’objectifs, nous aimons une personne ou un objet (livre, film, etc.) parce que d’une façon ou d’une autre, nous nous y reconnaissons. Ce n’est donc pas la référence en tant que tel qui est importante, mais le lien que le personnage considère avoir avec elle. Ainsi, un exemple moins illustre semblera toujours plus personnel, surtout si le personnage se donne la peine d’expliquer, voire de nuancer son choix.

En choisissant un exemple illustre, il ne faut pas non plus oublier que certains noms ou objets, même si leur symbole est encore présent dans l’imaginaire collectif, sont rattachés à une époque précise. Par exemple, Maurice Richard a beau avoir été un excellent joueur de hockey, il ne peut pas être l’idole de jeunesse du père d’un personnage de 11 ans. À moins bien sûr que le père en question ait 70 ans ou même plus. Sinon, il est trop jeune pour l’avoir vu jouer et, par conséquent, pour l’avoir eu comme idole de jeunesse.

La meilleure référence pour illustrer l’intérêt d’un personnage pour un domaine en particulier n’est donc pas une question de popularité, c’est une question de personnalité (du personnage). Ce qui est logique puisque bien souvent, c’est justement la personnalité du personnage que nous tentons de rendre plus accessible avec cette référence.



lundi 24 juin 2013

Étoffer un personnage

Un personnage, pour être intéressant, ne peut pas se limiter au strict minimum, il doit avoir un petit quelque chose de plus. Il doit nous donner l’envie d’en savoir plus sur lui, de prendre pour lui ou contre lui lors des épreuves amenées par l’intrigue.

Pour approfondir un personnage, nous pouvons utiliser la description, l’intrigue ou les lieux. Laissons de côté, pour l’instant, les deuxième et troisième pour s’intéresser à la première. Qu’est-il possible de décrire ? Trois éléments :

1. Qui est le personnage ?
            Ici, il est question de la description classique, elle s’apparente au portrait ou à la présentation. Ceci dit, il n’est absolument pas nécessaire de tout mettre d’un bloc, style fiche technique, à l’arrivée d’un personnage. Les informations peuvent être ajoutées au fur et à mesure de la progression de l’histoire.
             Pour avoir l’air vrai, cette description doit dépasser les simples besoins de l’intrigue. Un personnage peut par exemple très bien jouer aux dards pour s’aider à réfléchir sans que les dards aient quoi que ce soit à voir avec l’histoire.
               Alors, qu’est-ce qui définit un personnage : son apparence, son histoire, ses traits de caractère, ses sentiments, son statut social, son cercle familial et social, ses intérêts, etc.

2. Comment agit ou réagit le personnage ?

              Tout au long de l’histoire, le personnage sera mis en situation, c’est-à-dire qu’il devra agir ou réagir selon les évènements. Ses choix d’actions et de réactions sont des conséquences directes de sa personnalité (qui est le personnage), ils font donc partie de sa description qu’ils complètent ou enrichissent.
               Le personnage rit-il d’une blague ou lève-t-il les yeux en soupirant ? Se jette-t-il de façon impulsive dans la bataille ou attend-il de savoir ce que les autres vont faire pour calquer son comportement sur le leur ? Chaque geste doit être en accord avec qui est le personnage. Évidemment, un personnage peut être complexe, il peut changer ou évoluer, mais cela doit rester en accord avec son profil de base et les changements drastiques doivent être amenés graduellement (un personnage habituellement calme n’explose pas sans raison pour une peccadille; l’augmentation de sa colère (même s’il n’en parle jamais) doit être accessible pour le lecteur (par ses pensées, ses tics, ses mimiques, ses décisions ou autres).


3. Que dit le personnage et comment le dit-il ?
               Le personnage parle-t-il une langue populaire, familière, standard ou soutenue ? Comment est sa syntaxe ? S’exprime-t-il par euphémismes, par mots courts, de façon ambivalente ou prend-il le temps de reformuler deux fois sa pensée à chaque fois qu’il ouvre la bouche ? Ordonne-t-il chacun de ses caprices ou parle-t-il à tout le monde comme à des enfants ?
              Encore une fois, ses paroles seront influencées par sa fiche technique. Elles permettront de confirmer si, par exemple, le personnage est bien empathique comme il aura été décrit.


Lors d’une description ou pour chacune des interventions d’un personnage, il ne faut pas oublier qu’il doit être conséquent avec lui-même (agir selon ce qu’il est). Toutefois, il doit aussi être unique, autrement dit ne pas toujours réagir de façon neutre ou mécanique. Il doit surprendre, après tout même les gens que nous fréquentons régulièrement le font alors si un personnage que nous connaissons à peine n’arrive pas à le faire…



Caroline

lundi 10 juin 2013

Exercice littéraire (1)

Parce que nous n’avons pas besoin de tout « voir » pour se faire une idée des choses, un détail peut faire toute la différence dans une description.

Un détail peut ajouter à l’intrigue en amenant discrètement à l’avant-scène le petit élément qui sera d’une importance capitale quelques pages ou chapitres plus loin. C’est un procédé très utilisé dans le genre policier, mais il peut très bien servir pour d’autres genres.

Un détail peut aussi donner de la profondeur à un personnage, enrichir sa description (un désigner d’intérieur remarquera à coup sûr l’impression générale de l’aménagement d’une pièce, alors qu’un fleuriste nommera les fleurs du bouquet sur la table basse et qu’un architecte s’étonnera qu’un meuble ne s’effondre pas sous autant de poids).

Ce sont les détails qui rendent la description intéressante, mémorable. Savoir qu’il y a une table dans la cuisine ne fera dire à personne « Quelle surprise ! Si je m’attendais à ça… » Cela ne veut pas dire qu’il faut éviter les descriptions fonctionnelles, elles ont aussi leur place. Toutefois, les détails peuvent aider à les enrichir et les orienter par l’émotion, l’intention, les réflexions, l’histoire du personnage ou par les nécessités, les actions de l’intrigue.

Voici le petit exercice que je vous suggère pour explorer les possibilités des détails.

1. Commencer la description par un élément de détail en s’attardant sur le plus de sens possibles pour le décrire.

2. Replacer graduellement le détail dans son contexte.

La description peut porter sur un objet ou un lieu, mais elle pourrait tout aussi bien être une émotion ou une attitude (marquée par des rides d’expression) ou un personnage en tant que tel (en commençant par l’élément qui le distingue à coup sûr : son nez, une tache de naissance, etc.) ou une activité (par exemple, commencer la description d’un match de tennis par la pression de la main d’un joueur sur sa raquette).

Exemple : « Elle était ronde et belle à croquer dans sa pelure rouge. Une pomme parmi d’autres. Mais celle que, à coup sûr, j’aurais prise pour ma collation. Trois autres pommes l’accompagnaient dans le bol. Moins rouges, d’une rondeur peu régulière, elles m’attiraient peu. La banane jaune tachetée de noir et les deux prunes ratatinées qui complétaient le bol de fruits ne semblaient pas plus pouvoir combler ma faim. Un seul fruit sur sept m’apetissait. Quel score misérable pour cet agencement fruitier posé expressément au centre de la table et encadré par quatre chaises confortables dans le but presque avoué de me tenter par une nourriture plus saine que le gâteau caché dans le réfrigérateur quelque deux mètres plus loin… »*
Il est aussi possible de faire l’exercice inverse, commencer par une impression générale et lentement zoomer vers le détail que nous voulons faire ressortir.

Il ne reste plus qu’à déterminer quel détail est important.

Caroline



*SIMARD, Caroline, Stratégies pour améliorer la maîtrise du français, tome 1, Les productions Dans la Vraie Vie, 2001, page 72.

lundi 6 mai 2013

Comment faire vivre un lieu?


Le lieu a une influence sur l’ambiance, sur les émotions et les pensées des personnages, et par conséquent sur l’action qui s’y joue. Il est donc primordial de bien le décrire. Le premier réflexe de bon nombre d’auteurs est de meubler l’espace : à droite ceci, à gauche cela, et au centre voilà… Cette manière de procéder peut convenir, mais elle fait souvent coupure avec le style du texte et parvient très rarement à transmettre l’essence du lieu.
Mais alors, comment faire vivre un lieu?
Une approche intéressante pour décrire un lieu est de le faire au travers des déplacements et des gestes d’un personnage. Par exemple, ce dernier s’approche d’un arbre — qui aura été décrit précédemment — et, en le contournant, découvre la jeune pousse d’une fleur rare. Puis, il suit des yeux la courbe d’une des branches de l’arbre et s’aperçoit maintenant que ses feuilles scintillent mystérieusement... Il lève ensuite la tête et décrit la couleur surprenante qui teinte le ciel. De cette manière, la description se mêle à l’action et permet même de la faire évoluer.
Outre son ameublement, un lieu peut se dépeindre grâce aux odeurs qu’il diffuse, à son éclairage, aux couleurs et aux textures des objets qui s’y trouvent, à la température qu’il y fait, aux sons qu’on peut y entendre, etc. Chacun de ces aspects peut avoir un impact sur les personnages. Ça sent la vanille? Peut-être que ce personnage-ci grimacera parce que l’odeur lui lève le cœur alors que pour celui-là, la vanille lui rappelle de doux moments de son enfance. Le bruit d’un battement d’ailes résonne : les personnages tourneront la tête dans la direction où s’est envolé l’oiseau. Le sol est en béton ; il est possible de glisser cette information en décrivant l’écho du claquement des talons hauts d’une demoiselle qui y fait quelques pas. En pénétrant dans ce lieu très ensoleillé, un autre sera momentanément ébloui. Les possibilités sont infinies!
Le principal avantage des descriptions mêlées à l’action est qu’elles permettent d’approfondir la psychologie des personnages, parfois même de glisser de nouvelles informations sur ces derniers, sans pour autant perdre du rythme, ni affaiblir le style.
Et vous? Quelles sont vos astuces lorsque vient le moment de faire vivre un lieu?

Karine