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mercredi 19 octobre 2016

Idée reçue

IDÉE REÇUE : Idée qui, par malheur, se lie d'amitié.

Parce que si une idée devient reçue, c'est à force de fréquentations, à force d'utilisations. Comme si à force d'usure ses bords s'effilochaient et qu'ensuite les fils dénudés flottaient derrière elle en agrippant sans scrupule tout ce qui passe dans son sillage. Puis, son bagage s'alourdit et les fils se défilent, traînant de plus en plus loin, s'éloignent d'elle et accrochent de plus en plus n'importe quoi.

L'apparence de l'idée change alors. De neuve et fraîche, elle devient lourde. Lorsqu'on la présente, c'est son embonpoint qui tient lieu de première impression. Une façade encombrante, reçue de façon pour le moins cynique.

Un jour, un auteur décide de lui redonner un air de jeunesse. Armé de ciseaux, il tente de la libéré de ses fils encombrés qui l'ont rendue marionnette. Mais la lutte est farouche contre l'imaginaire collectif qui se fait un devoir de se porter au secours de l'idée en la recousant de fils blancs.

IDÉE REÇUE : Idée à laquelle l'usure sert de lustre et qui arrive difficilement à faire peau neuve malgré toutes les nouvelles formulations qu'elle innove.



jeudi 6 octobre 2016

L'auteur qui aime trop ses personnages

Certains auteurs disent que leurs personnages sont comme leurs enfants. La comparaison est belle, mais il faut prendre garde qu'elle ne nous fasse pas tomber dans un piège : celui de trop aimer nos personnages, de vouloir les protéger à tout prix et de leur éviter absolument toute déconvenue.

Quelques indices qu'un personnage est trop aimé de son auteur :
— le personnage n'a pas de défauts apparents,
— le personnage n'a jamais de comportements déplacés, si un autre personnage agit mal envers lui, sa réaction est toujours conforme à ce que recommandent les livres d'éducation,
— le personnage a un coup de cœur? à coup sûr il est partagé et l'autre fait les premiers pas pour éviter un moment gênant au personnage,
— l'être aimé est l'idéal du personnage, il a toujours la réaction appropriée et aucun défaut apparent,
— À peine quelques mots suffisent pour que les insultes soient pardonnées ou que les conflits soient réglés,
— lorsque le personnage fait face à une difficulté soit il la résout immédiatement, soit quelqu'un vole à son secours, mais dans tous les cas, elle est résolue rapidement sans qu'il n'ait besoin de plusieurs tentatives ou de faire un apprentissage préalable,
— les leçons de vie sont dites et acceptées du personnage immédiatement sans que son expérience personnelle ne soit mise en cause,
— dans une situation conflictuelle, le personnage est toujours la victime, mais jamais l'agresseur,
— l'intrigue finit par combler tous les désirs et les souhaits (ou même plus) du personnage,
— s'il y a concours ou compétions, le personnage est toujours parmi les meilleurs, sinon c'est souligné comme étant un drame,
— etc.


Un seul de ces éléments n'est pas problématique, mais une accumulation donne au lecteur un effet d'irréalité et même d'invraisemblabilité.


Bien sûr les histoires vendent un rêve, mais à trop vouloir idéaliser on s'éloigne de la réalité émotionnelle du lecteur. Et lorsqu'on s'éloigne du lecteur, on risque de le voir décrocher ou même abandonner sa lecture.



lundi 1 août 2016

Le personnage qui agit contre les règles

De son point de vue, aucun personnage n'agit pour faire le mal, mais pour matérialiser sa vision de ce qui est bien ou pour établir (rétablir) ce qu'il considère comme la justice.


Si un personnage s'en prend à un autre, c'est, selon lui, soit parce que l'autre le mérite :
— en raison de ses actions passées (par vengeance, par représailles, etc.),
— en raison de ses opinions,
— en raison des actes de ses ancêtres ou de ses compatriotes,
— etc.


Soit que l'autre ne mérite pas quelque chose :
— en raison de ses actions passées (mensonge, fraude, manipulation, etc.),
— en raison de son rôle dans la société (classe sociale, groupe culturel, etc.),
— en raison d'un comparatif arbitraire (éducation, apparence physique, discipline, croyances, etc.),
— en raison d'un raisonnement logique (par exemple : je le mérite, nous ne pouvons pas l'avoir tous les deux, donc il ne le mérite pas),
— en raison d'une inégalité réelle ou supposée,
— etc.


Soit parce qu'il revient à l'autre d'empêcher l'action de se produire si elle ne lui convient pas :
(j'ai la liberté de faire ce que je veux, pense le personnage, il n'a qu'à utiliser sa liberté de m'en empêcher s'il ne veut pas que ça se produise.)
— parce qu'il aurait fait de même si les rôles avaient été inversés,
— parce que les lois de la nature priment sur celles de la civilisation,
— parce qu'il ne partage pas les croyances ou les raisonnements derrière les règles et en conclut donc qu'il n'a pas à s'y soumettre,
— parce qu'il ne voit pas comment son action peut être nuisible à l'autre,
— parce qu'il a lui-même souffert, et comme il s'en est sorti par lui-même, il ne voit pas pourquoi il faciliterait la vie à l'autre,
— etc.


Le personnage qui agit contre les règles peut le faire de façon très réfléchie et considérer son comportement comme raisonnable ou agir sous le coup de l'émotion de manière impulsive quitte à le regretter par la suite.


mercredi 15 juillet 2015

Exercice littéraire (5)

Voici deux conseils souvent donnés aux auteurs :

1- Parlez de ce qu’on connaît.
2- Montrez plutôt que dire.


La connaissance de notre corps, de ses possibilités, de notre psychologie et de notre façon d’appréhender le monde est une des bases principales de ce qu’on peut considérer comme ce qu’on connaît. Et quand il est question de sensations sensorielles ou de sentiments que connaît-on plus que ce qu’il y a à montrer plutôt qu’à dire ?

Que ce soit pour créer une atmosphère reflétant une température particulière (pluie, soleil, orage, vent, etc.), pour mettre en lumière un état émotif, pour étoffer une situation (de foule, de pression sociale ou personnelle, etc.), pour ralentir l’action par une description détaillée, etc. nous avons tous un bagage d’expériences liées aux différents sens (vue, ouïe, odorat, toucher, goût, équilibre, humour, GBS, etc.) dans lequel nous pouvons piger.

Mais, bien évidemment, nous sommes rarement en train de vive la situation que nous décrivons, et, pour certaines situations, nous devons mélanger un ensemble de ressentis connus à un autre d’éléments raisonnés ou supposés. L’exercice suivant — et tous les dérivés que vous pouvez en déduire — permet d’améliorer la capacité à se réapproprier les sensations d’une situation vécue, mais lointaine dans notre souvenir ou en décalage complet avec celles de notre situation actuelle.


Exercice :

Première variante :
1- Choisir une journée chaude et humide.
2- S’installer au soleil.
3- Écrire une scène extérieure d’hiver en y insérant des sensations (visuelles, auditives, tactiles, odorantes et gustatives, etc.). Rester le plus réaliste possible en ce qui concerne les sensations.

Deuxième variante :
1- S’installer dans un petit endroit confiné.
2- Écrire une scène de foule dans un lieu très vaste en y insérant des sensations (visuelles, auditives, tactiles, odorantes et gustatives, etc.). Rester le plus réaliste possible en ce qui concerne les sensations.

lundi 17 novembre 2014

Écrire, c'est difficile?

Et alors? quel mérite y a-t-il à réussir ce qui est facile? quel intérêt y a-t-il à pratiquer une activité qui ne donne pas quelques défis à notre intellect ou à notre corps?

Acquérir une habileté, peu importe qu'elle soit physique, psychologique, intellectuelle ou, comme c'est le cas le plus souvent, un mélange des trois, demande de l'entraînement, de la motivation, de la répétition (même s'il s'agit d'un mot abhorré de plusieurs auteurs), de l'ouverture. Pour devenir un maître, il faut plus. Il faut la passion, l'engagement, la volonté d'atteindre un idéal. Il faut travailler continuellement à s'approcher de cet idéal (qui ne sera probablement jamais atteint). Il faut savoir garder sa motivation et son intérêt même quand nous sommes les seuls (ou presque) à voir que cet idéal n'est pas atteint, même quand notre recherche de cet idéal n'est pas compris ou partagé autour de nous, même quand les autres persistent à ne considérer que le résultat sans comprendre tout l'effort qui se cache derrière. L'écriture est difficile, son parcours est semé d'embûches et de détours, quelques fois de cul-de-sac.

Mais, n'est-ce pas ces mêmes difficultés qui nous poussent à lire? Se laisser toucher par la façon dont un auteur a résolu l'une d'entre elles, n'est-ce pas un des plus beaux cadeaux que peut nous faire une lecture? Cela peut même raviver notre amour de l'écriture et nous ramener sur la voie de notre entraînement d'écriture. Cela peut même donner l'envie d'être écrivain à ceux qui n'ont pas l'envie d'écrire.

Mais, n'est-ce pas ces mêmes difficultés qui nous poussent à écrire, à relever les défis qu'elles permettent de relever? Trouver la meilleure façon d'exprimer une idée, mettre le doigt sur le mot juste, discuter ou réfléchir aux nuances apportées par l'emplacement d'une virgule, trouver l'action parfaite pour notre intrigue, nuancer parfaitement la réaction d'un personnage pour qu'elle s'accorde parfaitement à sa personnalité, etc. n'est-ce pas ce qui rend cette activité si excitante?

Écrire, c'est difficile? Bien sûr que ce l'est, c'est ce qui fait tout son charme.

Mais, si des fois, il vous semble que ce l'est trop, voici une pensée pour accompagner vos réflexions et vous aider à faire taire vos ruminations :

Comment en effet [voulez-vous] accéder à un sommet par un itinéraire tout plat?
Sénèque


Caroline





lundi 22 septembre 2014

La preuve romanesque


« Il est en effet plus difficile de mettre des répliques constamment drôles dans la bouche d’un personnage que de prétendre (paresseusement et sans donner de preuve) qu’il l’est. »* - Marc Fisher

En tant que lectrice (acharnée) et auteure (à temps perdu… — un peu d’autodérision ici), mon expérience m’enseigne que dans les romans, un peu comme au cinéma, il ne suffit pas de dire les choses, il faut surtout les mettre en action, car c’est ainsi que l’émotion naît (en tout cas, c’est comme ça pour moi!), et cela est normalement garant de l’intérêt du lecteur à poursuivre sa lecture.

Voyons deux exemples pour expliquer ce qu’est la preuve romanesque :

Texte 1
« Depuis la deuxième secondaire, Roxanne est éprise du beau Hugo, qui de son côté ne semble pas la remarquer. Roxanne est consciente que sa réputation de première de classe ne l’aide en rien à attirer l’attention des garçons. La jeune fille soigne pourtant son apparence et, sous les conseils de sa meilleure amie Claudia, a récemment osé le maquillage. Elle a mérité quelques compliments, mais évidemment pas de la part d’Hugo. Roxanne voudrait tant qu’il la remarque! Secrètement, elle échafaude différents scénarios dans lesquels elle trouve enfin le courage de lui parler. »

Texte 2
« Roxanne jette un regard désintéressé au pupitre libre à côté du sien. La porte qui s’ouvre en grinçant attire alors son attention. Hugo fait son entrée et repère aussitôt le seul pupitre disponible. Plus le jeune homme avance, plus vite bat le cœur de Roxanne. Elle sent le rouge monter à ses joues et la panique l’envahit à la seule idée qu’il puisse la voir ainsi. Roxanne jette un coup d’œil vers sa meilleure amie Claudia, assise sur sa droite. Celle-ci lui glisse entre les doigts le tout nouveau gloss acheté la veille, soulignant son geste d’un clin d’œil complice. Nerveusement, Roxanne applique le rose sur ses lèvres.
— Je suis content d’être à côté de toi, entend-elle alors. Toi, t’es bonne en maths, je vais peut-être finir par comprendre de quoi!
            Levant les yeux, Roxanne manque de s’étouffer en réalisant qu’Hugo lui adresse la parole. Incapable d’articuler un mot, elle tente un sourire maladroit. Zut! Je dois absolument trouver le moyen de lui parler sans avoir l’air d’une imbécile, se promet-elle. Après tout, on sera voisin de pupitre pour le reste de l’année. Roxanne sourit à cette pensée. »

Dans le premier texte, on nomme, on présente les sentiments amoureux de Roxanne. Dans le deuxième, on met en scène ces mêmes sentiments, on prouve l’amour qu’elle éprouve pour Hugo en montrant les « symptômes » de cet amour (son cœur qui bat plus vite, le rouge sur ses joues, sa nervosité, son incapacité à lui parler). Cela ressemble à la façon dont nous percevons nos propres sentiments (et reconnaissons les sentiments chez les autres), ce qui donne de la profondeur aux  ressentis de nos personnages et facilite l’apparition d’un ressenti similaire chez le lecteur.

De plus, le texte 2 a l’avantage de mettre les personnages en action. On y trouve un début d’intrigue (Hugo sera assis aux côtés de Roxanne toute l’année) qui laisse entrevoir le développement d’autres péripéties et sous-intrigues (Roxanne tentera diverses actions pour tirer profit de cette situation et atteindre son objectif : avoir l’attention d’Hugo).

La preuve romanesque est donc essentielle. Elle s’élabore dès les premières esquisses des descriptions de nos personnages et de notre plan, puisque les contextes, actions et réactions en sont des éléments centraux.

Karine

* Source : FISHER, Marc. Conseils à un jeune romancier, Montréal, Québec Amérique, 2000, page 124



lundi 8 septembre 2014

Intrigue ou personnage?

Il m’arrive parfois de terminer la lecture d’un roman et de constater qu’il ne s’y est rien passé, que l’histoire n’a que très peu évolué entre la première et la dernière page. Je réalise alors que ce qui a gardé mon intérêt jusqu’à la fin, malgré la pauvreté de l’intrigue, est la profondeur du personnage, ses questionnements, ses crises d’angoisse, ses petites joies, ses illusions, ses défaites, ses idées, son humour, etc. Bref, un personnage attachant et émouvant, un personnage à la psychologie bien développée, avec son lot de problèmes et de manies typiquement humains (un personnage vivant, quoi!) peut attiser ma curiosité au point de me faire oublier la stagnation de l’histoire. Ce fût le cas à la lecture de certains romans de Martin Page (Peut-être une histoire d’amour, éditions de l’Olivier, par exemple) ou de Charlotte before Christ (éditions du Boréal) du québécois Alexandre Soublière.

À l’inverse, il m’arrive de lire des romans où les péripéties sont si nombreuses que je ne saurais remettre l’histoire en ordre du premier coup, ou encore, des histoires bien ficelées, avec des suspens bien dosés et de belles surprises, mais qui, malheureusement, n’ont pas su me rendre leurs personnages attachants. Ces romans (je n’en nommerai pas) sont pour moi comme certains films de divertissement américains : je passe un bon moment pendant que je les regarde (les lis), mais aussitôt qu’arrive le mot FIN, je passe à autre chose. Contrairement au premier type de roman dont j’ai fait mention, je ne me surprends pas (ou très rarement) à repenser à l’histoire, aux situations vécues par les personnages ou aux personnages eux-mêmes quelques jours plus tard alors que j’attends l’autobus…

Personnellement, j’ai assurément un penchant pour les personnages tourmentés, qui se heurtent aux dures réalités de la vie (ce qui n’empêche en rien l’humour, ni une fin heureuse). Chacun a ses préférences côté lecture, c’est ce qui permet à une variété de styles de cohabiter (et de survivre!). Il en va de même pour l’écriture. Mon petit doigt me susurre même qu’il est fort probable que vous aimiez écrire ce que vous aimez lire…

Idéalement, un bon roman saura doser les deux aspects abordés ici : des personnages bien campés auxquels le lecteur s’attachera (et même s’identifiera) et une intrigue développée avec doigté, comportant un nombre adéquat de rebondissements. Mais si un choix était à faire entre les deux, que répondriez-vous? Préférez-vous mettre vos énergies sur l’intrigue au détriment des personnages, ou l’inverse?

Au plaisir de vous lire!


Karine

lundi 16 juin 2014

Les stéréotypes (2)

Nous entendons souvent parler des stéréotypes comme d’une faiblesse de style. C’en est une. Toutefois, nous ne pouvons pas les élimer simplement en évitant certains thèmes, caractéristiques ou types de personnages. Cela est dû autant à leur essence qu’aux besoins de notre récit.

D’abord, il faut savoir qu’ils sont une construction normale du cerveau. Ce sont des raccourcis de la pensée. Ils nous permettent de tirer des conclusions rapidement, surtout, quand le nombre d’informations auxquelles nous avons accès est limité. Par exemple, une première impression est un stéréotype entremêlé d’un jugement de valeur.

Il est donc impossible d’en supprimer un par suppression, il faut le faire par addition. Plus les informations sont disponibles, plus les caractéristiques propres à chacun ou à une situation particulière sont connues, moins les raccourcis de la pensée sont essentiels. Nous avons alors d’autres options.

Ainsi, pour éviter qu’un personnage soit stéréotypé, il faut l’étoffer, lui donner de la consistance, il faut le munir d’une histoire personnelle ou, au moins, d’une touche personnelle. Évidemment, cela sera plus facile à faire avec un personnage principal qu’avec un figurant. Le premier a beaucoup plus d’espace pour s’exprimer que le second. Par conséquent, la subtilité peut être nécessaire pour déstéréotyper un personnage. Il faut trouver un élément (même minuscule) qui ébranle le stéréotype — une sorte de contrepreuve — et la présenter le plus naturellement possible.

Pourquoi les stéréotypes sont-ils si problématiques ? Parce qu’ils rendent les personnages (ou les situations) moins vrais. Le lecteur s’y attache conséquemment plus difficilement et l’émotion du récit passe moins bien. Autrement dit, s’ils permettent de se faire une idée rapide d’une situation ou d’une personne, ils ne donnent pas accès au cas particulier que nous avons sous les yeux. Il faut donc se rappeler que dans la vie comme en littérature tous les cas sont particuliers et c’est la particularité de chaque cas qui est la force d’une histoire.

Caroline

lundi 13 janvier 2014

C’est l’histoire de ma vie…

Depuis toujours, l’auteur s’inspire de ce qu’il a lui-même vécu, que ce soit pour alimenter la description d’une courte scène au cœur de multiples péripéties ou pour en faire le noyau de son récit. La raison en est simple : il semble plus aisé de décrire ce que l’on connaît, ce que l’on a soi-même ressenti, vu, entendu, goûté, humé, touché…  

Il peut être tentant d’écrire une histoire basée sur ce que l’on a personnellement vécu. Les exemples d’auteurs qui l’ont fait, classiques ou contemporains, ne manquent pas. Ce genre de récit peut prendre différentes formes : autobiographie, récit de voyage, recueil de chroniques ou de mots d’humeur, billets de blogue, autofiction, correspondances, journal, etc.

Mais quand notre vécu est au cœur de l’histoire que l’on souhaite raconter, quelques questions devraient avoir trouvé leur(s) réponse(s) avant d’en débuter l’écriture :
  • Quel est mon objectif réel? Pourquoi ai-je envie de raconter ma propre histoire? Suis-je prêt à assumer les retombées sur ma vie, à répondre aux questions que cela suscitera? Suis-je prêt, émotivement et psychologiquement, à me dévoiler ainsi?
  • Que voudrais-je raconter et que voudrais-je cacher ou taire? Quel niveau de pudeur (ou plutôt, d’impudeur) suis-je prêt à me permettre? Y a-t-il des personnes dans mon entourage qui pourraient être choquées ou blessées? Y a-t-il des gens dont j’aurais besoin d’obtenir l’approbation? Y a-t-il des personnes dont je souhaite préserver l’anonymat (moi y compris)?
  • Quel est l’intérêt pour le lecteur de lire mon vécu? En tirera-t-il un apprentissage, un exemple? Mon histoire le fera-t-elle rire, pleurer, le touchera-t-elle? Est-ce pertinent?
  • Quel traitement, quelle forme vais-je privilégier? Quel ton adopter (humoristique, terre à terre, confidence, neutre relatant les faits, accusateur, etc.)? Quel point de vue se prête le mieux à mon récit (écrire au «je » ou à la troisième personne)?
Évidemment, cette liste n’est pas exhaustive; il s’agit plutôt de pistes de réflexion. Et, pour la plupart, ces questions se posent aussi lorsque l’histoire à écrire n’est pas vraie (au sens de vécue par son auteur). Ce sont des interrogations auxquelles un auteur, qu’il soit chevronné ou débutant, fera face avant d’entamer l’écriture d’une histoire.

Karine

lundi 16 décembre 2013

Choisir un lecteur allié

La plupart des auteurs ont un ou quelques lecteurs alliés à qui ils soumettent leur manuscrit avant l’envoi à un lectorat plus officiel (un éditeur). Tout comme eux, vous voudrez peut-être « tester » vos écrits, que ce soit une fois le manuscrit complété ou en cours d’écriture, pour avoir un aperçu de leur potentiel. Voici quelques conseils pour choisir de bons lecteurs alliés, même parmi votre entourage immédiat :
  1. Quelqu’un qui a l’habitude de lire, qui aime lire, qui a des goûts diversifiés en matière de lecture;
  2. Quelqu’un qui a de l’objectivité (votre maman croit certainement que vous écrirez le prochain best-seller et adorera chacun de vos mots, ce qui flattera votre orgueil, mais ne vous avancera pas à grand-chose);
  3. Quelqu’un qui ne vous doit aucun service ou qui n’en demandera pas en retour (ceci vous assurera une plus grande objectivité dans les commentaires de lecture);
  4. Quelqu’un qui a le profil du lectorat visé (si vous écrivez un roman jeunesse, vous aurez avantage à recruter la nièce de douze ans de votre meilleure amie, par exemple);
  5. Quelqu’un qui n’est pas intimidé par vos ambitions d’auteur;
  6. Quelqu’un qui n’a pas peur d’émettre des commentaires négatifs (mais constructifs!);
  7. Quelqu’un qui, dans la vie courante, démontre de la rigueur (ce genre de personne sera capable d’argumenter, d’expliquer et de démontrer ses idées);
  8. Quelqu’un qui respecte ses engagements (notamment en matière d’échéances);
  9. Quelqu’un qui s’intéresse au sujet sur lequel vous écrivez;
  10. Etc.


Karine

lundi 4 novembre 2013

Écrire à deux / Écrire à quatre mains / Collaborer

L’écriture est souvent perçue comme une activité solitaire. L’écrivain a une idée de récit, une histoire qu’il porte en lui et élabore, invente, peaufine dans sa tête. Puis vient le jour où il s’assoit devant son clavier ou sa feuille blanche et rédige. Longtemps après, le point final est enfin posé, l’histoire est complète. Tout s’est fait dans la solitude.

Dans la réalité, vous et moi le savons, un écrivain partage ses idées avec les amis, soumet quelques passages à la lecture critique d’un allié, demande conseil à un autre écrivain, à un professeur peut-être, à son éditeur si leur relation le permet. Quelques fois, l’écrivain fera le teste d’une blague formulée par un de ses personnages dans une conversation avec des collègues de travail, ou s’inspirera d’un fait vécu, d’une anecdote racontée par autrui, d’un événement auquel il a assisté, d’un fait divers lu dans le journal, etc.

Et, il y a ceux qui écrivent à deux.

Il existe plusieurs exemples d’écriture en collaboration. D’ailleurs, Michel Lafon et Benoît Peeters ont écrit un livre (à deux, oui) sur le sujet : Nous est un autre. Enquête sur les duos d’écrivains, paru aux éditions Flammarion en 2006.

Pourquoi écrire à quatre mains?
L’écriture en tandem n’est certainement pas adéquate pour tous les écrivains, mais elle comporte ses avantages. En voici quelques-uns :
  1. Le partage des idées : les tempêtes d’idées, la résolution de problèmes tant au niveau de l’intrigue que de la rédaction, le développement des péripéties, les recherches, seront doublement efficaces. Vous connaissez l’adage : « deux têtes valent mieux qu’une. »
  2. La motivation : vous aurez des échéances à respecter, mais surtout, vous ne voudrez pas décevoir votre partenaire d’aventure. Moyen efficace pour vaincre la tentation de la procrastination, mais aussi pour vous surpasser.
  3. L’apprentissage : vous aurez à accepter le regard de votre partenaire d’écriture tout au long du processus. Par conséquent, il vous faudra écouter ses commentaires, discuter, argumenter, retravailler, élaborer, faire des recherches… Cette expérience d’écriture sera certainement fort enrichissante dans votre parcours d’écrivain.
  4. Le partage du « fardeau » : vous n’êtes pas seul face à l’épreuve, vous avez quelqu’un d’aussi impliqué que vous dans le processus de création avec qui partager vos doutes, vos craintes, vos blocages…

Vous pourrez sans doute en trouver davantage, surtout si vous tentez l’expérience. Je vous propose de les ajouter dans les commentaires ci-dessous.

Ce qu’il faut pour que ce soit une réussite…
Comme je le mentionnais au début de la section précédente, écrire à deux ne convient pas à tout le monde. Voici donc, sur la base de mes expériences personnelles, les quatre critères essentiels à une collaboration réussie :
  1. La complémentarité : comme dans tout travail d’équipe, il faut que chacun y trouve son compte. De préférence, les forces de l’un compenseront pour les faiblesses de l’autre et vice-versa.
  2. L’organisation : il est essentiel de trouver une méthode de travail qui conviendra aux deux, tant au niveau de l’horaire, des échéances, de la manière d’écrire (ensemble ou chacun de son côté) et de corriger, commenter, retravailler le texte. Certains diront même que pour écrire à quatre mains, il est nécessaire d’avoir un plan. Disons que ça peut aider, mais…
  3. La flexibilité : malgré la bonne volonté des deux, il est fort à parier que vous ne pourrez respecter TOUTES vos échéances. La vie étant ce qu’elle est, les imprévus surgissent. Il importe alors d’être flexible et compréhensif. Aussi, sait-on jamais comment évoluera votre récit; une surprise vous attend peut-être au chapitre X, modifiant du coup tout le reste de votre plan.
  4. Mettre son égo de côté : votre collaborateur vous fera des critiques, vous lui en ferez en retour. Autrement dit : si vous êtes du genre soupe au lait, prière de s’abstenir! De plus, vous travaillerez fort pour accorder vos styles d’écriture afin que l’œuvre finale n’ait pas l’air d’un patch work. Au final, votre création ne sera pas tout-à-fait de vous, pas tout-à-fait la sienne non plus; vos styles seront confondus, vous ne saurez peut-être plus qui a écrit quelle partie. De ce fait, vous perdrez une part de votre paternité sur l’œuvre finale.

Pour terminer, rien de mieux que des exemples concrets pour illustrer la complexité, mais aussi la satisfaction qui émanent de l’écriture en tandem. Voici donc un article de la journaliste Jade Bérubé paru dans La Presse : http://www.lapresse.ca/arts/livres/romans-quebecois/200810/12/01-28853-ecrire-a-deux-reve-ou-cauchemar.php. Bonne lecture!

Karine


lundi 14 octobre 2013

Les deux revers de la médaille

Lorsque vient le temps de choisir un sujet, il y a plusieurs façons d’aborder les choses. Un même sujet, selon le thème principal qui le sous-tend, peut provoquer une variété de réflexions. Il peut être utilisé pour dire une chose ou son contraire. C’est le thème qui précisera l’angle sous lequel le sujet prendra forme.

Aborderons-nous le thème du point de vue du problème ou de celui de sa solution ?

Le nommerons-nous selon son nom à la mode dans les médias ou selon un angle différent ?

Le choisirons-nous pour illustrer le point de vue d’un personnage ou de celui de son ennemi ? Laisserons-nous les deux points de vue s’opposer ou non ?

Traiterons-nous le thème à partir des clichés et des stéréotypes usuels, à partir d’une approche plus personnelle ou nous inspirerons-nous d’un monde utopique dont nous rêvons ?


Par exemple, le pouvoir, le respect, la peur, le besoin d’acceptation, l’estime de soi, l’intimidation, la communication, etc. sont tous des thèmes qui permettent de traiter d’une même situation sous des angles différents. Tout comme, ils pourraient être la cause (ou la conséquence) de la même action. De plus, ils pourraient tous se subdiviser en différents points de vue dépendamment de la façon dont ils s’expriment pour chacun des personnages.

Les choix faits pour chacune des questions précédentes (que nous y ayons réfléchi consciemment ou non) influenceront la personnalité de nos personnages (leurs choix, leurs réactions, leurs pensées), le déroulement de l’intrigue et sa résolution. Ils auront aussi un impact sur les réflexions que le texte provoquera chez le lecteur.

Prenez-vous le temps de bien réfléchir à vos thèmes ou préférez-vous laisser votre inconscient vous guider ?

Caroline

lundi 8 juillet 2013

Quel type d’écrivain êtes-vous?

Peu importe l’amour des mots qui nous habite, nous ne ressentons pas tous le besoin de l’exprimer de la même façon. Certains se contenteront d’apprécier de lire, alors que d’autres ressentiront le besoin d’écrire chaque jour ou de les partager. Il n’y a pas de bons ou de mauvais types d’écrivains, car ils sont tous complémentaires et expriment même une forme de symbiose puisque la diversité des usages permet leur survie.

Ceci dit, s’interroger sur le type qui nous convient le mieux ou celui qui correspond à notre mode de vie actuel peut nous aider à trouver la paix, à moins que cela nous entraîne à opérer des changements dans nos habitudes afin de devenir le type d’écrivain auquel nous aspirons.

Voici quelques types généraux d’écrivain pour amorcer votre réflexion :

  1. Écrivain de salon : Ce dernier est celui qui aime les mots… des autres. Il aime lire les bons coups des autres, critiquer les moins bons et… même discuter sur ce que les autres auraient ou n’auraient pas dû écrire.
  2. Écrivain de tous les jours : Celui-ci écrit pour les besoins de sa vie quotidienne : une lettre de présentation, un rapport pour le travail, quelques courriels, etc. Il préférera écrire lui-même une carte d’anniversaire pour un proche plutôt que de choisir un message standard. Presque toute « obligation » d’écriture dans la vie de tous les jours lui semblera agréable.
  3. Écrivain de plaisance : Lui, il ne se contente pas des écrits journaliers, mais il prévoit des plages horaires exprès pour écrire. Les types d’écrits de cet écrivain peuvent être très variés : du journal intime à la poésie en passant par une correspondance ou un texte plus long. L’écrivain de plaisance considère l’écriture comme une activité nécessaire à son bien-être et la pratique dans ce but ultime.
  4. Écrivain de compétition : Ou écrivain professionnel, il n’écrit pas pour le plaisir (bien que souvent cette notion fasse partie du processus d’écriture), mais dans un but plus précis de dépassement de soi ou des autres. Non seulement il prévoit des plages horaires d’écriture, mais, généralement, il prévoit aussi des objectifs d’écriture, des dates butoirs pour ses projets et des objectifs de réussite (publication, vente, critique, reconnaissance, etc.).

Bien sûr, nous finissons tous par passer d’une catégorie à l’autre au fil des jours. Pourtant, il peut être intéressant de se poser la question : à quel type principal aspirons-nous? Ne serait-ce que pour s’assurer que nos actes sont en accord avec nos aspirations.

Et, si la réponse est non, éventuellement, pouvoir réfléchir plus sérieusement : sommes-nous prêts à faire les changements nécessaires? Avons-nous besoin d’appartenir à un type particulier pour être heureux?

Aucun type n’est bon ou mauvais en soi, l’important c’est d’être à l’aise avec celui dont nous nous servons généralement pour exprimer notre amour des mots. Alors, quel type d’écrivain êtes-vous?

Caroline