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dimanche 14 février 2021

Qu’est-ce qui différencie l’histoire, l’intrigue et le récit?

   

        Il est facile de confondre ces trois concepts qui se ressemblent. D’autant plus que dans le langage courant, il arrive fréquemment qu’ils soient utilisés l’un pour l’autre ou présentés comme des synonymes.

        Cependant, pour mieux décortiquer un texte afin de le travailler, il est utile de bien les distinguer. Cela est indispensable pour concevoir ou pour modifier la structure du texte, pour faire le tri entre segments essentiels et segments superflus et pour vous guider autant dans l’écriture que dans la réécriture.


Histoire : Ce qui est raconté.

        Elle peut être réelle ou fictive. Mais dans un cas comme dans l’autre, elle ne se résume pas qu’au récit. Une action peut faire partie de l’histoire sans faire partie du récit. L’inverse peut aussi être vrai, certains récits ajoutent des actions à des histoires réelles, par exemple dans le cas de biographies romancées.

        Une même histoire peut être racontée de plusieurs façons. Par exemple, son récit pourrait être humoristique ou dramatique, il pourrait faire appel au suspense. Le ton n’est pas le seul élément qui fait l’objet d’un choix dans un récit. Ainsi, le choix du narrateur est important. L’histoire peut comporter des actions inconnues de certains de ses protagonistes, mais le récit ne peut pas comporter d’actions inconnues du narrateur ou des points de vue choisis par l’auteur. Ainsi, si l’auteur décide de ne montrer que les points de vue des personnages A et B, le récit ne pourra pas montrer de façon directe les évènements (de l’histoire) d’où ces personnages sont absents. Ces évènements, pour être dans le récit, devront être relatés aux personnages A et B.


Intrigue : Ensemble des actions qui font progresser le récit de l’évènement perturbateur au dénouement.

        Un récit peut être constitué de plusieurs ensembles d’actions qui parfois suivent des voies parallèles et d’autres fois se rejoignent ou s’entremêlent. On parle alors d’intrigues principales et secondaires. Par exemple, si Maude (le personnage central de l’histoire ou du récit) vit des difficultés au travail et fait une rencontre importante dans sa vie personnelle, il est possible que ces deux intrigues ne provoquent aucun évènement en commun ou qu’elles se recoupent de manière ponctuelle ou encore qu’elles se rejoignent et finissent par ne faire plus qu’un (par exemple, si le personnage de la rencontre personnelle devient un collègue, un compétiteur ou un allié dans la résolution de la difficulté).


Récit : Comment l’histoire est racontée par le narrateur.

        Le récit est le texte lui-même. C’est la manière dont l’histoire est transmise aux lecteurs. Il peut être subdivisé en segment (narration, dialogue, description, explication, etc.).

        Le contenu du récit ne dépend pas seulement de l’histoire qu’il raconte, mais aussi de l’élément central que l’auteur veut faire ressortir en écrivant le récit. Dans l’histoire de Maude, un auteur pourrait choisir de mettre l’accent sur l’intrigue liée à la rencontre personnelle et un autre auteur pourrait décider de plutôt mettre en valeur la difficulté au travail. Les deux récits n’auront alors pas la même intrigue principale, même s’ils racontent la même histoire.

        Aussi, le narrateur pourrait raconter l’histoire dans un ordre non chronologique ou choisir de retarder le moment de divulguer certaines informations aux lecteurs alors que les personnages de l’histoire eux les connaissaient plus tôt.

        Le narrateur choisit aussi comment chaque élément de l’histoire sera raconté (dans le détail, par un dialogue, par un résumé) ou ne sera pas raconté (ellipse). Il pourrait aussi choisir pour des fins de simplification de combiner deux personnages en un seul ou de faire que deux évènements n’en deviennent qu’un. Cela peut se produire dans le cas d’une histoire réelle. Mais aussi dans le cas d’une histoire fictive, lorsque cette dernière est adaptée à un nouveau média (film, par exemple) ou lorsqu’une nouvelle version en est faite.

        Ainsi, il peut être fait différents récits d’une même histoire, il n’y a qu’à penser aux nombreuses versions des textes classiques ou aux remakes du cinéma pour bien voir la distinction entre les deux termes.


Les subdivisions du récit :

        Pour raconter l’histoire, le narrateur dispose de diverses stratégies de communication :

 *La narration : celle-ci sert à maintenir la cohérence du texte. Elle sert à développer l’enchaînement logique des actions faisant partie des différentes intrigues.

*La description : celle-ci sert à informer le lecteur de ce qu’il ne peut pas voir. Elle guide le lecteur dans la manière dont il imagine un personnage, un lieu, une situation, un objet, etc. Elle peut aussi, en attirant le regard d’un personnage (et du lecteur) d’un côté, provoquer un effet de surprise ou retarder stratégiquement une autre action du récit.

*L’explication : celle-ci sert à rendre les actions des personnages plus compréhensibles pour le lecteur en lui expliquant les causes ou les effets de certaines actions.

*Le dialogue : celui-ci sert à partager au lecteur les paroles, les pensées, les sentiments, les opinions et la personnalité des personnages.


lundi 4 avril 2016

Étoffer un personnage (6)

La réputation d'un personnage est différente de sa description, car elle ne relève pas du même point de vue. Elle est le fait du point de vue d'au moins un autre personnage que de celui dont il est question. Comme dans la vie, un personnage n'aura pas nécessairement le même comportement avec tous ceux qu'il côtoie, il est donc susceptible d'avoir autant de réputations qu'il y a de personnages qui le rencontrent.

On peut choisir de présenter un personnage que de son point de vue (sa description) que du point de vue d'un autre personnage (sa réputation) ou tour à tour de ces deux points de vue. Le choix de présenter un personnage en utilisant sa description ou sa réputation doit être guidé par le sentiment que l'auteur veut que le personnage provoque chez le lecteur. Dépendamment du sentiment voulu, ce sera la description ou la réputation qui sera la plus adaptée.

La réputation permet de créer chez le lecteur une opinion très tranchée à propos d'un personnage. Ça permet de l'obliger à prendre parti pour le personnage de notre choix. Toutefois, pour que l'effet soit complet, il faut utiliser un narrateur qui n'emploie jamais le point de vue du personnage décrit par sa seule réputation.

La description permet d'aborder le personnage avec ses ambiguïtés, ses dilemmes et ses paradoxes. Elle permet au lecteur de se faire sa propre idée du personnage.

Présenter tour à tour la description et la réputation peut permettre :
— au personnage de prendre conscience de l'impact de ses actions,
— de surprendre le lecteur en changeant ce qu'il croyait savoir d'un personnage,
— de présenter deux points de vue opposés d'une même situation,
— d'expliquer pourquoi deux personnages ne peuvent pas s'entendre,
— de créer une querelle épique (si les points de vue se révèlent l'un à l'autre dans une discussion) ou, à l'inverse, de permettre un rapprochement entre deux antagonistes,
— etc.


lundi 17 mars 2014

Utiliser l’enchâssement

L’enchâssement est une suite de mots ou une proposition placée entre virgules, entre parenthèses ou entre tirets. Il s’agit d’un ajout grammaticalement indépendant du reste de l’énoncé, c’est-à-dire qu’il n’est pas nécessaire à la phrase. Ce peut être un commentaire ou une réflexion, une explication ou une définition, une précision. Il peut aussi servir à éviter un malentendu, manifester un doute, insérer une courte description, mettre en valeur l’ajout ou encore faire entendre le narrateur pour s’adresser directement au lecteur.

Exemples :
— Mireille prit un air courroucé, ce qui en disait long sur ses talents d’actrice, et passa un savon à son petit frère.
— La première fois qu’il y avait mis les pieds — à l’époque, il n’avait pas encore terminé ses études, deux grands chênes, maintenant disparus, encadraient l’entrée du jardin.
— Je hais les patates ! hurlait Jasmine. Je hais les carottes (ses doigts se crispèrent sur le bord de la table) et je ne te parle même pas des brocolis.
— Le chat se recroquevillait pour lécher ses blessures, finalement ce n’était qu’une feinte, il sortit les griffes et se jeta sur l’autre matou.


L’autocorrection (retour sur ce qu’on vient d’écrire pour l’améliorer ou le rectifier), tout comme la confirmation (insister sur une information en la répétant), est un type particulier d’enchâssement. Ces figures de style servent avant tout à marquer la présence du narrateur ou de l’auteur. Elles peuvent affaiblir ou renforcer une idée, préciser ou nuancer une pensée, donner une impression de sincérité, feindre d’inclure le lecteur dans une réflexion, imiter l’oral (par une simulation de l’improvisation).

Il est à noter que l’autocorrection et la confirmation peuvent aussi se faire sans enchâssement, par exemple en utilisant une conjonction ou une expression de doute ou de contestation ou de renforcement.

Exemples :
— Jean dit — ou plutôt hurle — à sa mère de se taire.
— N’amène pas ton matou… ton adorable chaton, reprend Nathalie devant le regard assassin de son amie, il pourrait nous faire remarquer.
— Connaître les règles de priorité des opérations est très utile, je dirais même essentiel pour ceux qui veulent passer le prochain examen.
— Henriette pourrait amener son fabuleux gâteau au chocolat ou encore mieux sa tarte à la meringue.

Caroline

lundi 3 mars 2014

L'influence du narrateur sur la description

Une des clés d’une bonne description est de tenir compte du point de vue, c’est-à-dire, du narrateur. Les connaissances du narrateur, tout comme ses possibilités, influencent ce qui peut ou ne peut pas être décrit. Il convient donc de bien définir le point de vue avant de faire une description : est-ce un narrateur omniscient, un narrateur personnage, un narrateur flexible qui adopte tour à tour le point de vue de personnages différents ? Si le point de vue du narrateur est fixe, cette identification ne se fera qu’une fois pour tout le récit. Toutefois, si le point de vue change d’une section à l’autre du texte, il faudra prendre le temps de le définir de façon régulière pour s’assurer d’aborder chaque description du bon angle.

Par exemple :
— Si le narrateur est un personnage secondaire de l’intrigue (l’acolyte du héros ou un observateur) et que le héros rencontre une connaissance, il se peut que le narrateur ne le connaisse pas et qu’il ne puisse pas nous décrire sa personnalité d’entrée de jeu.
— Une exposition de mollusques ne sera pas décrite de la même façon par un biologiste marin que par une personne qui n’a jamais entendu parler de mollusques.
— Un personnage-narrateur ne nous décrira pas une pièce entière avec le détail de chaque objet s’il ne fait qu’y passer en quelques secondes. Dans un combat, il ne s’arrêtera pas non plus entre deux coups d’épée pour nous décrire la robe de la princesse.

Ceci dit, une description ne doit pas absolument contenir tout ce que le narrateur sait. « Il » doit choisir ce qui est le plus pertinent selon le but de la description (créer une vue d’ensemble, amener un élément de l’intrigue, faire connaissance avec un personnage, etc.). Trop d’informations finissent par se nuire mutuellement, et finalement l’élément décrit s’en trouve aussi confus que s’il n’avait pas fait l’objet d’une description.

Le narrateur peut donc justifier autant le contenu que l’emplacement d’une description. Même un narrateur omniscient (extérieur aux personnages) teintera ses descriptions de façon à ce qu’elles s’agencent à l’ambiance souhaitée pour l’intrigue, à la personnalité des personnages et au rythme de chaque section du récit.

Caroline

lundi 9 septembre 2013

Points de vue


Le point de vue choisi influence grandement l’écriture. Ainsi, je propose de décortiquer le tout et, dans un prochain billet, de présenter l’intérêt et les différents usages que l’on peut faire de chacun.

Le narrateur est celui qui raconte. Il peut s’agir d’un personnage de l’histoire, mais ce peut aussi être un « être suprême » ou quelqu’un d’extérieur à l’histoire. Le narrateur adopte un  point de vue pour nous décrire l’action; le point de vue correspond à la focalisation du récit, c’est-à-dire qu’il détermine ce que le narrateur sait ou ignore de l’action (présente, passée et future). Il existe trois points de vue narratifs :

1)                 Le point de vue externe :
Normalement, le narrateur qui utilise ce point de vue n’est pas un personnage de l’histoire. Il relate les événements de façon neutre, sans s’impliquer. Le narrateur ne connaît pas les pensées des personnages.

— Vas-y, mange! lui dit-elle rudement.
Hugo observe les plats qui recouvrent la surface de la table. Il cligne plusieurs fois des yeux alors que sa main droite frotte doucement son abdomen. Puis, Hugo tend cette main vers la fourchette qui repose près de son assiette. Face à lui, son amie sourit.

2)                 Le point de vue omniscient :
De ce point de vue, le narrateur sait tout sur tout. Il connaît tout des personnages : gestes et pensées, intentions et sentiments, passé, présent et futur. Il peut aussi relater ce qui se passe en des lieux ou des temps différents.

— Vas-y, mange! lâche-t-elle.
Jacinthe se mord la lèvre inférieure; elle ne croyait pas que sa réplique serait aussi abrupte. De l’autre côté de la table, Hugo observe la multitude de plats qui s’offrent à lui. Sous le regard inquiet de son amie, il cligne des yeux plusieurs fois, se frottant le ventre d’un geste absent. Il pense qu’il a tellement faim qu’il pourrait bien s’évanouir. Il ne se fait donc pas prier davantage et tend la main vers sa fourchette. Soulagée de voir qu’il apprécie sa cuisine, Jacinthe sourit enfin.

3)                 Le point de vue interne :
Lorsque le narrateur utilise ce point de vue, il décrit l’action à travers les yeux d’un personnage. Il sait tout de ce qu’il pense, ressent, voit, observe… mais rien d’autre! Ainsi, les événements sont présentés de façon subjective au lecteur et au fur et à mesure que le narrateur les découvre lui-même.

— Vas-y, mange! me dit-elle d’un ton catégorique.
J’observe les innombrables plats sur la table. J’ai si faim que je crois que je pourrais m’évanouir. Ainsi, je ne me fais pas prier davantage et saisis la fourchette déposée près de mon couvert.

À noter : même si l’utilisation de la 1ère personne (je/nous) est fréquente, elle n’exclut pas celle de la 3e personne (il/elle, ils/elles), comme le démontre cet exemple :

— Vas-y, mange! lui dit-elle d’un ton catégorique.
Hugo observe les innombrables plats sur la table. Il a si faim qu’il croit qu’il pourrait s’évanouir. Ainsi, il ne se fait pas prier davantage et saisit la fourchette déposée près de son couvert.

Notons finalement qu’avec le point de vue interne, il n’est pas exclu de changer de narrateur au fil du récit en donnant la parole à l’un ou l’autre des personnages de l’histoire. Ceci permet d’aborder l’action sous différents angles. En effet, parfois on choisira le personnage le plus près de l’action pour en montrer toute la vivacité, d’autres fois on laissera la parole à un personnage plus distant pour, par exemple, ne pas divulguer certaines informations, ce qui permettra par la suite d’amener un élément de surprise.


Karine