Puisque les mots de la même famille sont des dérivés les uns des autres, la figure de style qui consiste à en employer plusieurs de façon rapprochée dans un texte s’appelle la dérivation.
Exemples :
— Jean était si altruiste qu’il laissait les autres s’occuper d’autrui.
— À la suite de ma méprise, je me suis reprise devant cette femme qui n’était finalement pas celle dont j’étais éprise.
— Entourées des autres riverains, nous étions assises sur la rive, les yeux rivés sur le bateau à la dérive vers l’autre rivage.
— Autant Jeanne est de bon conseil, autant je vous déconseille d’écouter ceux de Nathan.
Cette proximité de termes permet d’insister sur une idée (par exemple, pour mettre la puce à l’oreille sur une information que les personnages découvriront ou utiliseront plus tard), de renforcer une opposition (lorsque les mots de la même famille sont des antonymes) ou de produire un effet d’écho (phonétique).
Autre figure de style semblable :
Le polyptote : emploi de deux formes du même verbe (donc à des modes et des temps différents) dans une phrase ou dans deux phrases consécutives. Il permet d’insister sur un terme fort surtout si la construction est semblable, de nuancer une idée en la faisant apparaître sous différents points de vue ou de produire un effet d’écho.
Exemple :
— Entourés de vos ennemis, vous entouriez à votre tour le trésor des pirates.
Caroline
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lundi 26 mai 2014
lundi 19 mai 2014
Utiliser la litote et l’euphémisme
La litote et l’euphémisme sont des figures de style semblables, mais d’intentions contraires. S’il s’agit pour les deux d’atténuer une information, cela se fait dans le but d’en renforcer la signification pour la première et, dans celui de l’atténuer, pour la seconde.
Ainsi la litote, qui dans la plupart des cas consiste à nier quelque chose plutôt que d’affirmer une chose, est surtout utilisée pour mettre de la distance entre notre pensée et sa formulation, insister sur l’intensité d’une idée ou d’un sentiment, établir une complicité avec le lecteur, feindre ou faire preuve de modestie, de prudence ou de politesse.
Cette figure de style se construit la plupart du temps avec l’adverbe ne… pas, avec un verbe de sens négatif ou avec un adverbe affaiblissant le sens de la phrase. Souvent, le contexte permet de mettre en relief la litote et de mieux l’apprécier.
Exemples :
— Ce n’était pas un sot, la preuve se trouvait devant leurs yeux ébahis.
— Il ne faisait pas dans la dentelle.
— Le chien a manqué de courage devant la bête.
— Elle était légèrement désordonnée.
Pour sa part, l’euphémisme, qui est une formulation atténuée pour une réalité qui pourrait être perçue négativement, est utilisé pour déguiser ou masquer une réalité, pour rester en accord avec les convenances, pour atténuer une critique, pour éviter un conflit, pour éviter de se compromettre ou pour rendre plus supportable un aspect désagréable.
Idées ou situations où un euphémisme est susceptible d’être utilisé :
— réalités tristes ou déplaisantes (maladie, mort, problèmes sociaux),
— mots brutaux, grossiers ou indécents ou qui pourraient heurter la morale, la religion ou le pouvoir en place,
— tabous,
— situations qui rendent le personnage, le narrateur ou l’auteur (selon le type d’écrit) mal à l’aise.
Exemples :
— Je ne suis pas contre, mais…
— Il s’est éteint entouré par les siens.
— Son langage ne convenait pas aux oreilles sensibles.
Ainsi la litote, qui dans la plupart des cas consiste à nier quelque chose plutôt que d’affirmer une chose, est surtout utilisée pour mettre de la distance entre notre pensée et sa formulation, insister sur l’intensité d’une idée ou d’un sentiment, établir une complicité avec le lecteur, feindre ou faire preuve de modestie, de prudence ou de politesse.
Cette figure de style se construit la plupart du temps avec l’adverbe ne… pas, avec un verbe de sens négatif ou avec un adverbe affaiblissant le sens de la phrase. Souvent, le contexte permet de mettre en relief la litote et de mieux l’apprécier.
Exemples :
— Ce n’était pas un sot, la preuve se trouvait devant leurs yeux ébahis.
— Il ne faisait pas dans la dentelle.
— Le chien a manqué de courage devant la bête.
— Elle était légèrement désordonnée.
Pour sa part, l’euphémisme, qui est une formulation atténuée pour une réalité qui pourrait être perçue négativement, est utilisé pour déguiser ou masquer une réalité, pour rester en accord avec les convenances, pour atténuer une critique, pour éviter un conflit, pour éviter de se compromettre ou pour rendre plus supportable un aspect désagréable.
Idées ou situations où un euphémisme est susceptible d’être utilisé :
— réalités tristes ou déplaisantes (maladie, mort, problèmes sociaux),
— mots brutaux, grossiers ou indécents ou qui pourraient heurter la morale, la religion ou le pouvoir en place,
— tabous,
— situations qui rendent le personnage, le narrateur ou l’auteur (selon le type d’écrit) mal à l’aise.
Exemples :
— Je ne suis pas contre, mais…
— Il s’est éteint entouré par les siens.
— Son langage ne convenait pas aux oreilles sensibles.
Caroline
lundi 28 avril 2014
Utiliser l’antanaclase
Cette figure de style est la répétition d’un mot polysémique dont le sens de chaque apparition est différent.
La reprise peut se faire avec une autre forme du même mot (par exemple, un verbe à l’infinitif et le même verbe conjugué).
Aussi, dans un dialogue, un mot peut être repris par un autre personnage pour lui donner un sens différent qui l’arrange.
— Donc, vous admettez que vous étiez le seul maître à bord de ce navire, conclut l’avocat.
— Mais, je n’étais plus maître de moi-même, se défend le capitaine.
L’antanaclase peut être implicite si le mot polysémique fait l’objet d’une ellipse ou est remplacé par un pronom.
Cette figure de style est surtout utilisée pour attirer l’attention sur les différents sens d’un mot, pour imager l’expression d’une idée, créer des effets insolites ou burlesques, ou pour déplacer le sens d’une conversation ou d’un débat à l’avantage d’un des protagonistes.
Caroline
- Il était convaincu que la qualité d’impression de son rapport ferait bonne impression sur son patron
La reprise peut se faire avec une autre forme du même mot (par exemple, un verbe à l’infinitif et le même verbe conjugué).
- Georges avait beau regarder les tulipes avec insistance depuis trois heures, ça ne regardait pas sa voisine.
Aussi, dans un dialogue, un mot peut être repris par un autre personnage pour lui donner un sens différent qui l’arrange.
— Donc, vous admettez que vous étiez le seul maître à bord de ce navire, conclut l’avocat.
— Mais, je n’étais plus maître de moi-même, se défend le capitaine.
L’antanaclase peut être implicite si le mot polysémique fait l’objet d’une ellipse ou est remplacé par un pronom.
- Béatrice avait appris à regarder avec les yeux du cœur pour les occasions où les siens ne suffisaient pas.
- Je révisais mes tables de multiplication sur celle de la cuisine.
Cette figure de style est surtout utilisée pour attirer l’attention sur les différents sens d’un mot, pour imager l’expression d’une idée, créer des effets insolites ou burlesques, ou pour déplacer le sens d’une conversation ou d’un débat à l’avantage d’un des protagonistes.
Caroline
lundi 17 mars 2014
Utiliser l’enchâssement
L’enchâssement est une suite de mots ou une proposition placée entre virgules, entre parenthèses ou entre tirets. Il s’agit d’un ajout grammaticalement indépendant du reste de l’énoncé, c’est-à-dire qu’il n’est pas nécessaire à la phrase. Ce peut être un commentaire ou une réflexion, une explication ou une définition, une précision. Il peut aussi servir à éviter un malentendu, manifester un doute, insérer une courte description, mettre en valeur l’ajout ou encore faire entendre le narrateur pour s’adresser directement au lecteur.
Exemples :
— Mireille prit un air courroucé, ce qui en disait long sur ses talents d’actrice, et passa un savon à son petit frère.
— La première fois qu’il y avait mis les pieds — à l’époque, il n’avait pas encore terminé ses études, deux grands chênes, maintenant disparus, encadraient l’entrée du jardin.
— Je hais les patates ! hurlait Jasmine. Je hais les carottes (ses doigts se crispèrent sur le bord de la table) et je ne te parle même pas des brocolis.
— Le chat se recroquevillait pour lécher ses blessures, finalement ce n’était qu’une feinte, il sortit les griffes et se jeta sur l’autre matou.
L’autocorrection (retour sur ce qu’on vient d’écrire pour l’améliorer ou le rectifier), tout comme la confirmation (insister sur une information en la répétant), est un type particulier d’enchâssement. Ces figures de style servent avant tout à marquer la présence du narrateur ou de l’auteur. Elles peuvent affaiblir ou renforcer une idée, préciser ou nuancer une pensée, donner une impression de sincérité, feindre d’inclure le lecteur dans une réflexion, imiter l’oral (par une simulation de l’improvisation).
Exemples :
— Mireille prit un air courroucé, ce qui en disait long sur ses talents d’actrice, et passa un savon à son petit frère.
— La première fois qu’il y avait mis les pieds — à l’époque, il n’avait pas encore terminé ses études, deux grands chênes, maintenant disparus, encadraient l’entrée du jardin.
— Je hais les patates ! hurlait Jasmine. Je hais les carottes (ses doigts se crispèrent sur le bord de la table) et je ne te parle même pas des brocolis.
— Le chat se recroquevillait pour lécher ses blessures, finalement ce n’était qu’une feinte, il sortit les griffes et se jeta sur l’autre matou.
L’autocorrection (retour sur ce qu’on vient d’écrire pour l’améliorer ou le rectifier), tout comme la confirmation (insister sur une information en la répétant), est un type particulier d’enchâssement. Ces figures de style servent avant tout à marquer la présence du narrateur ou de l’auteur. Elles peuvent affaiblir ou renforcer une idée, préciser ou nuancer une pensée, donner une impression de sincérité, feindre d’inclure le lecteur dans une réflexion, imiter l’oral (par une simulation de l’improvisation).
Il est à noter que l’autocorrection et la confirmation peuvent aussi se faire sans enchâssement, par exemple en utilisant une conjonction ou une expression de doute ou de contestation ou de renforcement.
Exemples :
— Jean dit — ou plutôt hurle — à sa mère de se taire.
— N’amène pas ton matou… ton adorable chaton, reprend Nathalie devant le regard assassin de son amie, il pourrait nous faire remarquer.
— Connaître les règles de priorité des opérations est très utile, je dirais même essentiel pour ceux qui veulent passer le prochain examen.
— Henriette pourrait amener son fabuleux gâteau au chocolat ou encore mieux sa tarte à la meringue.
Caroline
Exemples :
— Jean dit — ou plutôt hurle — à sa mère de se taire.
— N’amène pas ton matou… ton adorable chaton, reprend Nathalie devant le regard assassin de son amie, il pourrait nous faire remarquer.
— Connaître les règles de priorité des opérations est très utile, je dirais même essentiel pour ceux qui veulent passer le prochain examen.
— Henriette pourrait amener son fabuleux gâteau au chocolat ou encore mieux sa tarte à la meringue.
Caroline
lundi 17 février 2014
À venir plus tard
Les pléonasmes se glissent insidieusement dans nos textes. Parfois nous les voyons à peine, ou même pas du tout, quand l’une des parties de cette construction ne nous paraît pas assez forte pour porter notre intention.
Ils peuvent être considérés comme une figure de style ou, au contraire, comme une grave erreur stylistique. Répétition de sens dans une même phrase, ils se retrouvent souvent dans des termes consécutifs comme dans l’exemple du titre de ce billet qui accole deux marqueurs de relation de même sens. Si quelque chose est à venir, cela sera nécessairement plus tard. Dans cet exemple, le pléonasme aurait pu être évité si un seul des deux marqueurs de relation avait été utilisé ou si le deuxième élément avait ajouté une précision, par exemple : À venir plus tard cet après-midi. C’est pourquoi ils sont généralement considérés comme une faute stylistique : ils reflètent un manque de compréhension de la langue et de son vocabulaire.
Pourtant, les pléonasmes sont aussi une figure de style. S’ils sont utilisés avec parcimonie et avec soin, ils peuvent ajouter une touche d’humour ou de grotesque dans les dialogues, souligner une exagération flagrante, signifier l’ébahissement devant une action ou un évènement spectaculaire ou, dans certains cas, faciliter l’explication d’un concept. Ils ne sont donc pas à bannir absolument. Cependant, il vaut mieux les repérer pour s’assurer que ceux qui restent dans nos textes sont bien utilisés et, surtout, voulus.
Ils peuvent être considérés comme une figure de style ou, au contraire, comme une grave erreur stylistique. Répétition de sens dans une même phrase, ils se retrouvent souvent dans des termes consécutifs comme dans l’exemple du titre de ce billet qui accole deux marqueurs de relation de même sens. Si quelque chose est à venir, cela sera nécessairement plus tard. Dans cet exemple, le pléonasme aurait pu être évité si un seul des deux marqueurs de relation avait été utilisé ou si le deuxième élément avait ajouté une précision, par exemple : À venir plus tard cet après-midi. C’est pourquoi ils sont généralement considérés comme une faute stylistique : ils reflètent un manque de compréhension de la langue et de son vocabulaire.
Pourtant, les pléonasmes sont aussi une figure de style. S’ils sont utilisés avec parcimonie et avec soin, ils peuvent ajouter une touche d’humour ou de grotesque dans les dialogues, souligner une exagération flagrante, signifier l’ébahissement devant une action ou un évènement spectaculaire ou, dans certains cas, faciliter l’explication d’un concept. Ils ne sont donc pas à bannir absolument. Cependant, il vaut mieux les repérer pour s’assurer que ceux qui restent dans nos textes sont bien utilisés et, surtout, voulus.
Caroline
lundi 6 janvier 2014
Utiliser l'énumération
Il est possible d’énumérer des noms, des adjectifs, des verbes, des groupes de mots ou même des propositions entières. En utilisant la juxtaposition (virgule, point-virgule) ou la coordination (conjonctions de coordination), l’énumération permet de passer en revue divers aspects d’une réalité, d’une situation ou autre. Elle peut être ouverte pour signifier que le sujet n’a pas été épuisé (points de suspension, absence de coordination, ainsi de suite, et plus, etc.) ou au contraire, fermée dans le cas d’un inventaire.
Quelques règles :
— lister seulement des mots de même nature et de même fonction.
— les prépositions (à, de, en, pour, etc.) se répètent généralement d’un élément à l’autre (il existe quelques exceptions)
Les effets de cette figure de style sont :
— de maximiser la précision dans les descriptions et les portraits,
— d’insister sur certains éléments plutôt que d’autres (ceci par le choix des éléments mentionnés ou par la logique qui sous-tend l’ordre des termes),
— de montrer des contradictions, des contrastes ou des ressemblances.
— de jouer avec l’invraisemblable, l’absurde ou le fantastique.
— de condenser ou de résumer diverses actions ou situations afin de remplir une ellipse dans le temps.
Exemples :
— Pendant dix ans, Pierre chercha des informations sur le chat botté, il fouilla les bibliothèques, ratissa les étagères des librairies, se renseigna auprès des historiens, consulta les archives municipales de tous les villages alentour, mais cela fut vain.
— Le chat mangea une souris qu’il avait trouvée sous le divan, marcha jusqu’au garde-manger en boitant et miaula pour attirer mon attention.
— Les carottes sont cuites, les patates aussi, le poulet sort du four, la sauce brune est aussi épaisse qu’elle se doit, il ne manque que les convives.
— Au-dessus d’eux, le ciel était gris, nuageux, immense et dépourvu de vie.
Quelques figures de style qui s’apparentent à l’énumération :
L’accumulation : entassement de plusieurs mots, groupes de mots ou propositions de même nature et de même fonction, souvent de façon désordonnée. Elle sert généralement à donner un impact plus fort à une idée, à faire naître différentes impressions (désordre, abondance, variété, excès, etc.) ou à donner un rythme à la phrase.
La gradation : disposition de plusieurs mots, groupes de mots ou propositions de même nature et de même fonction dans un ordre d’intensité croissante (gradation ascendante) ou décroissante (gradation descendante). Souvent, cette énumération peut jouer avec l’exagération. Elle peut être rompue, c’est-à-dire se terminer par un terme beaucoup plus fort ou beaucoup plus faible que prévu. Elle sert à présenter une évolution, montrer l’évolution d’une idée ou d’une émotion, créer une attente, créer un effet comique en utilisant l’exagération, susciter l’enthousiasme ou l’indignation.
La multiliaison : utilisation d’une conjonction de coordination entre chaque élément d’une énumération sans que la grammaire ou le sens de la phrase n’y obligent. Elle sert à renforcer l’expression en mettant l’accent sur chacun des termes, produire un effet de balancement ou d’accumulation, donner l’impression fausse que la phrase se termine.
La synonymie : emploi successif d’au moins deux mots ou expressions qui ont valeur de synonymes. Elle sert à exprimer une réalité sous différents points de vue, faire percevoir des nuances, rendre une idée ou un sentiment avec plus de force, exprimer un rythme ou amuser lorsqu’un des termes est surprenant ou inattendu.
Caroline
Quelques règles :
— lister seulement des mots de même nature et de même fonction.
— les prépositions (à, de, en, pour, etc.) se répètent généralement d’un élément à l’autre (il existe quelques exceptions)
Les effets de cette figure de style sont :
— de maximiser la précision dans les descriptions et les portraits,
— d’insister sur certains éléments plutôt que d’autres (ceci par le choix des éléments mentionnés ou par la logique qui sous-tend l’ordre des termes),
— de montrer des contradictions, des contrastes ou des ressemblances.
— de jouer avec l’invraisemblable, l’absurde ou le fantastique.
— de condenser ou de résumer diverses actions ou situations afin de remplir une ellipse dans le temps.
Exemples :
— Pendant dix ans, Pierre chercha des informations sur le chat botté, il fouilla les bibliothèques, ratissa les étagères des librairies, se renseigna auprès des historiens, consulta les archives municipales de tous les villages alentour, mais cela fut vain.
— Le chat mangea une souris qu’il avait trouvée sous le divan, marcha jusqu’au garde-manger en boitant et miaula pour attirer mon attention.
— Les carottes sont cuites, les patates aussi, le poulet sort du four, la sauce brune est aussi épaisse qu’elle se doit, il ne manque que les convives.
— Au-dessus d’eux, le ciel était gris, nuageux, immense et dépourvu de vie.
Quelques figures de style qui s’apparentent à l’énumération :
L’accumulation : entassement de plusieurs mots, groupes de mots ou propositions de même nature et de même fonction, souvent de façon désordonnée. Elle sert généralement à donner un impact plus fort à une idée, à faire naître différentes impressions (désordre, abondance, variété, excès, etc.) ou à donner un rythme à la phrase.
La gradation : disposition de plusieurs mots, groupes de mots ou propositions de même nature et de même fonction dans un ordre d’intensité croissante (gradation ascendante) ou décroissante (gradation descendante). Souvent, cette énumération peut jouer avec l’exagération. Elle peut être rompue, c’est-à-dire se terminer par un terme beaucoup plus fort ou beaucoup plus faible que prévu. Elle sert à présenter une évolution, montrer l’évolution d’une idée ou d’une émotion, créer une attente, créer un effet comique en utilisant l’exagération, susciter l’enthousiasme ou l’indignation.
La multiliaison : utilisation d’une conjonction de coordination entre chaque élément d’une énumération sans que la grammaire ou le sens de la phrase n’y obligent. Elle sert à renforcer l’expression en mettant l’accent sur chacun des termes, produire un effet de balancement ou d’accumulation, donner l’impression fausse que la phrase se termine.
La synonymie : emploi successif d’au moins deux mots ou expressions qui ont valeur de synonymes. Elle sert à exprimer une réalité sous différents points de vue, faire percevoir des nuances, rendre une idée ou un sentiment avec plus de force, exprimer un rythme ou amuser lorsqu’un des termes est surprenant ou inattendu.
Caroline
lundi 9 décembre 2013
Utiliser la dépersonnification
Il y a quelques semaines, nous
vous avons parlé de la personnification qui
consiste à donner à un objet, à un animal ou à une abstraction des traits
normalement attribuables à des êtres humains. Toutefois, la figure de style
inverse existe aussi, soit la dépersonnification.
Avec celle-ci, nous
transformons, en quelques sortes, une personne en objet, en animal ou en une
abstraction en associant à cette personne des mots qui se rapportent
habituellement à des choses ou à des animaux. Des périphrases, des métaphores ou des
comparaisons sont souvent utilisées pour installer la dépersonnification.
Les effets
possibles de cette figure de style sont :
- faire ressortir le manque de considération porté à une personne,
- décrire l’apparence, le caractère ou le comportement d’une personne (pour la valoriser ou la dévaloriser selon l’objet, l’animal ou l’abstraction choisie).
- fournir une vision caricaturale,
- donner une description concrète, d’une impression plus abstraite.
Quelques
exemples :
Justin piaffait d’impatience.
On dirait qu’il est
fait en bois, il n’a aucun cœur, ce vautour!
Ce vieillard est
pire qu’une bourrique.
Adeline avait une
crinière fournie et d’un roux
flamboyant, il n’était guère étonnant que tous se retournent sur son
passage.
Roger avait le cœur
si léger qu’il n’aurait pas été surpris qu’il lui pousse des ailes.
Il fallut quelque
temps à un hibou de mon espèce pour s’accoutumer à la cage d’un collège et
régler sa volée au son d’une cloche. (François-René de Chateaubriand)
La dépersonnification peut donc
être ludique, péjorative ou même mettre en valeur une information. Dans la
plupart des cas, elle sert à connoter un aspect d’un personnage ou d’une
situation.
Caroline
lundi 28 octobre 2013
Utiliser la paronomase
L’explication d’une idée peut paraître lourde lorsqu’elle prend place dans un texte. Lorsque c’est le cas, il est possible de recourir à la paronomase pour alléger le style.
Bien que peu souvent nommée ou connue, cette figure de style est régulièrement utilisée que ce soit pour servir de support à un argument, faciliter la mémorisation d’un message, suggérer une double lecture, imiter un lapsus, créer un effet humoristique ou ironique ou plus simplement faire appel à l’imaginaire collectif pour établir une complicité avec le lecteur.
La paronomase est l’association de deux paronymes (mots de formes voisines (sonores ou graphiques), dont les significations sont très différentes). Voici quelques exemples de paronymes : poison/poisson, attention/intention, bedeau/badaud, écharde/écharpe, lacune/lagune, partiel/partial, conversation/conservation, etc.
Cette figure de style peut être de forme explicite lorsque les deux paronymes apparaissent dans la phrase ou implicite si l’un deux est sous-entendu.
Quelques paronomases :
— Un fort bruit d’explosion nous parvient de la cime du volcan, à peine quelques secondes plus tard, la lave fait irruption sur les versants boisés.
— Marina choisit des amis compréhensifs et un psy compréhensible.
— Avant le docteur Tremblay était un homme important, depuis son dernier diagnostic, c’est un homme impotent.
— Le spectre du roi défunt veillait sur son sceptre dans l’attente du couronnement de son successeur.
— Les histoires de mon oncle sont si captivantes qu’il capture littéralement l’esprit de ses auditeurs pour ne leur rendre qu’à la fin de son récit.
Caroline
lundi 23 septembre 2013
La personnification
La personnification est une figure de
style qui consiste à donner à un objet, à un animal ou à une abstraction des
traits normalement attribuables à des êtres humains.
Il s'agit d'une personnification
lorsqu'un objet, un animal ou une abstraction est le sujet d'un verbe :
1)
de mouvement ou d'action (marcher, dormir, sauter, culbuter, rouler, etc.)
2)
de volonté (vouloir, pouvoir, etc.)
3)
de sentiment ou d'état (s'impatienter, se courroucer, s'éprendre, etc.)
Dans le cas précis d'une abstraction, on
emploie parfois une majuscule en début du mot pour souligner la
personnification, comme dans l'exemple connu tiré du roman Du côté de chez Swann de Marcel Proust :
« Et à partir de cet instant, je n’avais plus
un seul pas à faire [...] : l’Habitude venait de me prendre dans ses bras et me
portait jusqu’à mon lit comme un petit enfant. »
Pourquoi utiliser la
personnification?
On peut utiliser cette figure de style afin
de rendre une description plus vivante ou pour présenter un événement de
manière éclatée, voire cocasse, comme dans l'exemple suivant :
Profitant de ma
rêverie, la cuillère prit son élan dans le mouvement répétitif et circulaire
que je lui administrais, et s'envola vers le plafond, n'oubliant pas
d'éclabousser mes armoires par la même occasion. Elle exécuta un parfait triple
saut arrière avant d'entamer sa descente. Son atterrissage fut des plus réussis
: l'ustensile cibla précisément mon gros orteil.
La personnification peut aussi être
utile pour permettre au lecteur de mieux visualiser une notion abstraite. On
établira alors une métaphore entre la notion abstraite et un être humain ayant
les caractéristiques que l'on veut mettre de l'avant. C'est le cas avec
l'exemple de Proust cité plus haut : l'habitude est comparée à une mère qui
porte son enfant au lit.
Enfin, la personnification peut aussi
être utilisée pour critiquer l'Homme :
La Mort agissait
parfois cruellement, sur un coup de tête ou sous l’effet de la colère, ou pire
encore, par égoïsme. Bref, elle était à l’image de ses victimes.
Karine
lundi 29 juillet 2013
Utiliser la périphrase
La
répétition du même mot pour désigner un objet ou un personnage, surtout lorsque
cela se produit dans la même phrase ou à courte distance, peut affecter
négativement le style d'un texte. C'est pourquoi l'écrivain a avantage à
maîtriser l'utilisation de la périphrase.
Celle-ci
est un groupe de mots mis en ensemble pour désigner un objet ou un personnage
qui pourrait l'être par un seul mot. Ainsi, on écrira « le prédateur au pelage
tacheté » en parlant d'un guépard.
La
périphrase comporte d'autres avantages que celui d'éviter la répétition. Elle
permet par exemple de rappeler une caractéristique physique ou psychologique
d'un personnage : le garçon à la mèche rousse ou la grande timide. Elle peut
aussi résumer une situation (la maman débordée, l'homme offert en pâture aux
lions) ou établir les rapports entre les personnages (l'aînée de la famille,
l'adversaire vorace). Par ailleurs, Sylvie Dumon-Josset décrit joliment ces
différentes utilités de la périphrase : « Au lieu d'aller à l'essentiel, elle
fait un petit détour pour mieux attirer l'attention et souligner l'importance
accordée au terme remplacé. »*
Lorsque
bien employée, la périphrase peut aussi amener un élément de surprise. Prenons
l'exemple d'un chapitre qui se termine avec cette phrase : « Fébrile, il glisse
la main vers le fond de sa poche et caresse du bout des doigts le symbole de
son engagement. » Puis, le nouveau chapitre commence par une demande en
mariage.
L'important
avec la périphrase, c'est que le lecteur puisse toujours reconnaître le
référant, même si quelques fois ce dernier apparaît plus tard.
Dans
certains cas, les périphrases les plus adéquates viennent facilement en cours d’écriture;
d’autres fois par contre, c’est lors de la réécriture qu’on trouvera la
tournure la plus appropriée.
Karine
*
Source : DUMON-JOSSET, Sylvie, 1001
secrets de la langue française. Paris, Point2, 2013, p. 220
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