Certains auteurs disent que leurs
personnages sont comme leurs enfants. La comparaison est belle, mais
il faut prendre garde qu'elle ne nous fasse pas tomber dans un
piège : celui de trop aimer nos personnages, de vouloir les
protéger à tout prix et de leur éviter absolument toute
déconvenue.
Quelques indices qu'un personnage est
trop aimé de son auteur :
— le personnage n'a pas de défauts
apparents,
— le personnage n'a jamais de
comportements déplacés, si un autre personnage agit mal envers lui,
sa réaction est toujours conforme à ce que recommandent les livres
d'éducation,
— le personnage a un coup de cœur? à
coup sûr il est partagé et l'autre fait les premiers pas pour
éviter un moment gênant au personnage,
— l'être aimé est l'idéal du
personnage, il a toujours la réaction appropriée et aucun défaut
apparent,
— À peine quelques mots suffisent
pour que les insultes soient pardonnées ou que les conflits soient
réglés,
— lorsque le personnage fait face à
une difficulté soit il la résout immédiatement, soit quelqu'un
vole à son secours, mais dans tous les cas, elle est résolue
rapidement sans qu'il n'ait besoin de plusieurs tentatives ou de
faire un apprentissage préalable,
— les leçons de vie sont dites et
acceptées du personnage immédiatement sans que son expérience
personnelle ne soit mise en cause,
— dans une situation conflictuelle,
le personnage est toujours la victime, mais jamais l'agresseur,
— l'intrigue finit par combler tous
les désirs et les souhaits (ou même plus) du personnage,
— s'il y a concours ou compétions,
le personnage est toujours parmi les meilleurs, sinon c'est souligné comme étant un drame,
— etc.
Un seul de ces éléments n'est pas
problématique, mais une accumulation donne au lecteur un effet
d'irréalité et même d'invraisemblabilité.
Bien sûr les histoires vendent un
rêve, mais à trop vouloir idéaliser on s'éloigne de la réalité
émotionnelle du lecteur. Et lorsqu'on s'éloigne du lecteur, on
risque de le voir décrocher ou même abandonner sa lecture.
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